Musique et Danse

La musique populaire brésilienne naît de la rencontre des traditions amérindienne, européenne et africaine. Trois civilisations, trois univers sonores mais surtout des hommes – Indiens, colons ou esclaves – dont l’histoire croisée est à l’origine des rythmes du Brésil.

La Samba

(En brésilien, on dit ‘o samba – le samba, au masculin.)

Partout dans le monde, quand on parle de musique brésilienne, on pense à la samba de Carnaval. Et à juste titre, puisque la tradition en est ancienne, et que chaque année les meilleurs compositeurs du Brésil font de leur mieux pour réussir « la » samba de enredo, c’est à dire celle qui remportera le prix de la meilleure musique et, peut-être, de la meilleure école de samba.

Noel Rosa, Alberto Ribeiro, Ary Barroso… ont multiplié ces marches à deux temps que jouent des centaines de percussionnistes et dansent des milliers d’habitants déguisés – et déchaînés, tout particulièrement à Rio et plus récemment à São Paulo. Mais il s’agit davantage d’une musique à vivre qu’à écouter…

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Les Autres Sambas

La samba a engendré de multiples sous-genres :

La samba-canção (samba-chanson, Ary Barroso, Dolores Duran) a fait les beaux jours des années 50.

Le sambalanço a été une tentative de Carlos Lyra pour se démarquer de la bossa-nova omniprésente au début des sixties.

La gafieira (Zeca Pagodinho, entre autres) est encore bien vivante dans les bars où l’on se retrouve entre amis pour jouer et boire des bières bien glacées lors des « rodas de samba ».

La samba-rock vaut ce qu’elle vaut, Jorge Benjor, Lulu Santos ou Djavan ont porté haut ses couleurs métissées pendant les seventies.

Samba-funk, salsa-samba… la liste est longue de ces adaptations de la samba des origines, dans lesquelles la percussion joue toujours un rôle fondamental.

La Bossa Nova

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La bossa nova a popularisé la musique brésilienne partout dans le monde. C’est pourtant une des plus récentes des musiques brésiliennes, puisqu’elle n’a été inventée qu’en 1958.

Quelquefois qualifiée de samba d’appartement pour sa structure rythmique à deux temps, la bossa nova vaut bien mieux que la réputation de « musique lounge » que lui ont donnée des centaines d’adaptations oiseuses. Elle a beaucoup contribué à la fortune du jazz américain, qui a trouvé en elle un renouveau à une époque où rock and roll et rythmn’ & blues menaçaient ses ventes.

Surtout, la bossa nova a prouvé que la musique brésilienne n’était pas forcément une musique à danser, et qu’on pouvait se passer de pandeiro, de surdos et autres ganzas pour produire une musique riche en harmonies et subtile en mélodies. Tom Jobim, João Gilberto, Vinicius de Moraes en ont été les fondateurs émérites.

La Pagode

A l’origine, une pagode, c’est juste une fête où l’on joue de la musique et où on danse. On y pratiquait plus particulièrement la samba, dans de petites formations qui comptaient une guitare à sept cordes, un cavaquinho (sorte de ukulélé en plus aigrelet), un petit banjo, un surdo (gros tambour qui assure le tempo), un pandeiro (que nous appelons ici tambourin), et bien sûr un ou plusieurs chanteurs.

Avec le temps, ce genre de samba en petit comité est devenu un style à part entière, qui a conservé le nom de pagode. Souvent romantique, parfois carrément sirupeuse, la pagode fait le bonheur des bars dansants le dimanche après-midi dans tous les coins du Brésil. Parmi ses représentants, Jorge Aragão, Martinho da Vila et beaucoup d’autres, pour le meilleur et pour le pire…

Le Chôro

Le chôro était à l’origine une manière d’interpréter « à la brésilienne » les musiques européennes de l’époque, comme la polka, la valse ou la habanera. Pixinguinha en fut le héros incontesté.

Il s’agit d’une musique instrumentale qui réunit une ou deux guitares, une ou deux mandolines, un cavaquinho, un surdo et un pandeiro, auxquels s’ajoute parfois un instrument à vent. On y entend beaucoup plus de solos et d’improvisations que dans les autres musiques brésiliennes, chaque musicien prenant un chorus un peu à la manière du jazz.

La guitare, généralement à sept cordes, fait entendre des lignes de basses qui ponctuent les mélodies. On entend du chôro un peu partout, de préférence dans des bars d’amis qui « tapent le bœuf » à la manière brésilienne.

Le Forro

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Le forro vient du Nordeste, et comme les Nordestins, poussés par la misère née d’une répartition très inégalitaire des terres arables, ont émigré dans tout le Brésil, on peut y entendre du forro à peu près partout.

On a aujourd’hui tendance à regrouper sous cette appellation générique des musiques plus diverses qu’il n’y paraît, un peu comme avec le mot « salsa » pour les musiques portoricaines : le baião cher au grand Luis Gonzaga, le côco, la xote… C’est en tous cas une vraie musique de fête, sur des paroles réalistes ou mélancoliques qui en font le vrai blues du Nordeste.

Si vous allez à Rio, allez un samedi soir à la Feira de São Cristovão pour entendre sous le même toit des dizaines de petites formations composée d’un accordéoniste, d’un chanteur, un triangle et un joueur de zabumba, ce tambour plat que l’on porte sur son ventre.

Le Frevo

Le frevo fait les beaux jours du carnaval à Recife et Olinda. Sur un rythme hyper speed, il entraîne chaque année des milliers de danseurs dans des syncopes du genre frénétiques.

Le maracatù, quant à lui, est plutôt originaire de Bahia, et demeure très proche des mélopées du golfe de Guinée qu’ont apporté les esclaves avec eux pour tout bagage. Son rythme à la fois vif et lancinant provoque une sorte de transe qui vaut la peine d’être connue. Le groupe Olodum l’a exporté dans le monde entier.

La Musique Sertanaje

Appelée aussi musica caipira – autrement dit musique plouc – la musique sertaneja est le Country du Brésil. Elle a beaucoup de succès depuis une vingtaine d’années.

La musica sertaneja est jouée en général par un duo de guitaristes chanteurs en chapeau de cow-boy, dont Leandro et Leonardo sont les représentants les plus adulés, en particulier dans la région Centre-Ouest autour de Goiania, Goias.

Le funk Carioca

Le funk carioca, c’est un vrai truc de dingue. Rien avoir avec le funk américain. Fruit des amours coupables de la Miami bass, du hip hop, de l’électro et de divers autres composants plus ou moins autorisés, le funk carioca est cette musique que l’on peut entendre le samedi soir au pied des favelas, dans des dancings improvisés ou carrément en pleine rue. Par exemple dans la station Texaco de Lapa, le vendredi soir à partir d’une heure du matin. Dans tous les cas : à fond.

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